Quand la première édition de "Kubrick " parait en 1980, après la sortie de " Shining ", le nombre d'ouvrages consacrés au cinéaste se compte sur les doigts de la main. Autant dire que le livre de Michel Ciment était très attendu. Aujourd'hui, six mois après la mort de Kubrick, l'édition est définitive ( le chapitre " réflexions sur une œuvre en devenir " a été rebaptisé "une œuvre" ). S'il reste LA référence, "Kubrick" n'est pas une bible, au sens où il serait un recensement exhaustif de tout ce qui touche au réalisateur de "2001". C'est mieux que ça. Certes, c'est une mine d'informations et d'anecdotes, mais il s'agit surtout d'une brillante réflexion sur une œuvre fondamentale.

 

En reliant les thèmes kubrickiens aux courants de pensée qui le nourrissent ( Hegel, Nietzsche, Freud, le cinéma expressionniste, etc. ), Michel Ciment donne à penser et fournit les clés qui permettent de fixer des points de repères au sein d'une filmographie déconcertante et pour beaucoup énigmatique. Les textes de l 'auteur sont d'autant plus précieux qu'il est un des rarissimes critiques à avoir entretenu une relation de travail ( près de trente ans ) avec le cinéaste. Le livre ne comporte pas seulement des analyses de l'œuvre, il est enrichi de nombreux témoignages essentiels des collaborateurs, occasionnels ou fidèles, de Kubrick. On y retrouve des techniciens tels que John Alcott, chef-opérateur de " Barry Lyndon " et " Shining ", des scénaristes ( Frederic Raphael pour " Eyes Wide Shut ", Diane Johnson pour " Shining " ), des comédiens ( dont Jack Nicholson ), le producteur James B.Harris, Andrew Birkin et bien d'autres. " Kubrick " est aussi un magnifique livre d'images, avec plus de 400 photos, dont certaines très rares. Indispensable, donc !