Les Cahiers du Cinéma ont eu la bonne idée de ressortir le livre de Piers Bizony, ouvrage réalisé et publié dans la première édition en langue anglaise en 1984.

 

Le 7 mars de l'année prochaine, date anniversaire de la mort de Stanley Kubrick, la Warner ressortira dans une seule salle parisienne, 2001, L'Odyssée de l'espace, en version originale 70 mm remastérisée. Pour se préparer à ce space-trip qui reste certainement l'un des films les plus vastes et fascinants de son auteur, on peut lire le livre de Piers Bizoni, 2001, Le Futur selon Kubrick, qui tente de reconstruire les différentes étapes de fabrication d'un film que son auteur, qui venait de triompher avec Docteur Folamour en 1963, décrivait modestement comme «le film de science-fiction de référence». Bien qu'il semble clair à la lecture du livre que Bizoni n'a jamais pu atteindre l'ermite Kubrick lui-même, le recueil grouille d'un ensemble d'informations amassées au fil des ans par pure passion maniaque. Bizoni raconte en effet avoir découvert le film à sa sortie en 1968, alors qu'il n'a que 9 ans, et ne s'en être jamais remis: «Ce n'était pas un film normal mais une sorte de voyage visuel dans un carrousel moderne. Non pas une simple œuvre d'art qu'on doit simplement contempler, mais un endroit qu'on peut visiter.» Quelque chose de la cinéphilie moderne, il est vrai, commence là.

 

Didier Peron - Libération du mardi 12 décembre 2000.

 

 

Le texte de Piers Bizony sur la couverture arrière de son livre Le Futur selon Kubrick

 

En 1964, Stanley Kubrick annonce à Arthur C. Clarke son intention de réaliser ce qui doit être " le film de science-fiction par excellence ", et l'invite à en écrire le scénario avec lui. L'association de ce jeune réalisateur et du romancier anglais sera à l'origine de la plus grande aventure artistique et technologique que connaîtra jamais le cinéma de science-fiction : 2001, l'odyssée de l'espace.

 

 

Fort du succès commercial de ses deux films précédents, Lolita et Docteur Folamour, Kubrick obtient de la MGM une liberté artistique totale et un budget colossal pour l’époque. Il faut dire que le contexte est favorable à la réhabilitation d’un genre réservé jusqu’alors au public adolescent. L’aéronautique et l’anticipation sont à la mode depuis que John F. Kennedy a lancé son pays dans la course à l’espace, pour répondre aux progrès soviétiques en ce domaine. En 1968, la NASA dépense chaque jour plus de dix millions de dollars, soit l ‘équivalent du budget final de 2001, l’odyssée de l’espace.

 

En 1969, quelques mois après la sortie du film, l’homme marchera sur la Lune.

 

« Je n’ai jamais rien vu de comparable à 2001, et je n’ai jamais compris pourquoi les films de science-fiction, jusqu’alors, manquaient à ce point d’ambition. Des cinéastes comme Steven Spielberg ou Ridley Scott ont fait beaucoup pour ranimer le genre. Mais rien n’est à la hauteur de l’audace et de l’originalité de 2001. Il est très rare que les visions du futur que nous propose le cinéma restent crédibles très longtemps. La plupart des films de science-fiction des années soixante-dix, par exemple, paraissent incroyablement datés. Les prophéties de 2001 semblent toujours tournées vers l’avenir, au moment où nous approchons, précisément, de l’an 2001 ». Piers Bizony

 

2001 : le futur selon Kubrick s’appuie sur une masse de documents iconographiques rares et d’entretiens inédits pour retracer la genèse d’un film extraordinairement complexe, sous la houlette du cinéaste le plus perfectionniste de son temps.